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Les tours de Merle

Un site fantastique ! Un vieux castrum avec plein de choses à voir. Ensuite, il faut aller se promener le long de la Maronne. Les rivières de Corrèze, c'est quelque chose !

Dans une boucle de la Maronne, affluent de la Dordogne, se dressent les tours des seigneurs de Merle. Cette famille s'étoffa par mariage de nombreuses branches, qui souhaitèrent toutes avoir leur résidence au même endroit. Il en résulte un amoncellement de tours, dont la construction s'échelonne du XIIe au XIVe siècle.

En partant des rives de la Maronne au nord de la presqu'île, la première construction que l'on découvre, à main gauche, est la maison des seigneurs de Veihan. Un acte du milieu du XVIe siècle indique qu' " une maison de Veihan devant laquelle était un pont-levis donnait accès à la grande porte du lieu dit de Merle. " Il n'en reste plus aucune trace aujourd'hui.

Sur le rocher à droite, se dresse le château de Capolenc ou Cafolenc (XIVe s.). Eusèbe Bombal pouvait encore y voir au début du XXe siècle les murs élevés sur quatre étages portant des fenêtres à meneaux et coussièges, des cheminées à arcs surbaissés, des éviers, des placards muraux, des latrines… Suivent le château des seigneurs de Veyrac (reste d'une tour d'escalier cylindrique du XIVe s.) puis de Pierre de Merle (XIIe s.).

En contrebas du château des seigneurs de Veyrac se trouve la chapelle Saint-Léger (6 m x 4,5 m) qui marquait l'entrée de la 2ème enceinte. On pénétrait dans la seconde partie du " castrum " par un tunnel qui se trouvait juste en-dessous du chœur de la chapelle. Nul n'était alors sensé passer sous l'autel une arme à la main !

Une fois franchie la " souricière ", l'entrée du fort des seigneurs de Saint-Basile se dresse devant vous. Cette entrée est surmontée de sept écussons à champ vide qui devaient porter les armes des coseigneurs des lieux. Construit au XIIIe s., le fort dépendait du château des Carbonnière (XIIIe et XIVe s.) composé de tours juxtaposées. Celles-ci, éventrées, laissent apparaître cheminées, passages, portes, latrines donnant dans le vide.

Au nord de la " place del Ferradou " s'élèvent les tours de Fulcon de Merle (XIIIe s.) et accolée, celle de son frère Hugues (XIVe s. détruite en 1576 lors des guerres de Religion). La tour de Fulcon est l'un des édifices les mieux conservés du site. On peut y découvrir les salles voûtées en berceau qui composaient le cellier, la cuisine, les chambres avec cheminée et latrines.

Les deux dernières tours sur trouvent à la pointe sud de la presqu'île, sur la montagne de Ganhac qui devint puy de Pesteils au début du XIIIe siècle. La première, dite de Noailles (XIIIe s.), est précédée d'une cour et des soubassements d'une seconde tour (autre tour de Carbonnière ?). Elle se composait de trois niveaux planchéiés sous voûte sommitale à quatre pans nervurés (aux armes des Noailles) -le dernier niveau étant une adjonction de la fin du Moyen Age-. L'accès à la tour s'effectue au 1er niveau (à environ 3 m de hauteur) et un escalier droit intra muros (mur nord) dessert les étages. Le 2ème possède sur ses faces ouest et est une porte donnant sur un balcon/hourd. Le dernier étage est éclairé sur ces mêmes faces par deux fenêtres à meneaux.

A huit mètres plus au sud, se dresse la tour de Pesteils (XIVe s.), dotée de cinq niveaux. Sa plate-forme sommitale porte une couronne de mâchicoulis (comme la tour de Noailles) ainsi qu'une échauguette dans l'angle sud-est. Sa voûte à quatre pans est décorée des armes des Pesteils. Son entrée est située au rez-de-chaussée sur la face ouest et les trois étages sont distribués par des rampes d'escaliers droites intégrées dans l'épaisseur du mur ouest. L'échauguette dessert la plate-forme sommitale. La tour est éclairée au sud et à l'est par des fenêtres à meneaux et à coussièges. Deux latrines superposées (face nord), une cheminée, des placards muraux, agrémentent le confort des lieux.

Si la famille de Merle apparaît dans les textes à la fin du XIe siècle - vers 1097 Gerbert de Merle fait un don à l'abbaye de Beaulieu-, le site castral n'est connu qu'à partir de 1218, dans un acte passé au château d'Almodi de Merle, en présence d'Aymeric de Carbonnière et de Jean de Veilhan (autres branches présentes à cette époque). En ce début de XIIIe siècle, Hélise de Merle épouse Aimeric de Pesteils (nouvelle branche) qui s'établit sur la partie sud de la presqu'île.

Au XIIIe siècle, différents hommages nous renseignent sur les coseigneurs des lieux et les liens de suzeraineté. En mars 1254, Guyot de Merle prête hommage à Rigaud de Carbonnière. Dix sept ans plus tard, Guillaume de Veyrac (autre branche), Guy de Merle, Hugues de Merle, Pierre de Merle (tuteur des enfants d'un certain Raoul) possèdent leur fief de l'abbaye d'Aurillac. Il est à noter que les Carbonnière ne s'imposeront comme seigneurs dominants qu'à partir de 1294. Les actes du XIVe siècle nous informent sur la complexité des possessions et droits de chaque coseigneur.

Exemple d'imbroglio familial et foncier : Pierre de Merle, Fulcon de Merle et Bertrand de Veyrac, possèdent en commun " le château ancien avec le rocher, la place et la maison de Cafolenc ", celui-ci jouxtant au sud le château de Fulcon et d'Hugues de Merle. Bertrand de Veyrac, après avoir acquis en février 1360 le quart des immeubles de Fulcon, épouse en 1365 la veuve d'Hugues de Merle, qui lui apporte de nouveaux droits. Bertrand de Veyrac marie en 1369 son fils Guy avec Marie, l'une des trois filles d'Hugues de Merle, et sa fille Marthe en février 1370 à Guillaume de Merle, fils de Fulcon de Merle. A cette date, Marie et Guillaume se partagent " le chasteau ancien ". Guillaume prend le bâtiment neuf avec une partie de la tour de la salle, chambres et eyriaux et autres appartements. Marie garde pour sa part le reste du château du côté du soleil levant.

Dans cette période, un acte précise que la seigneurie de Merle est divisée en huit parts. Les Carbonnière, quoique toujours suzerains, partagent avec les Pesteils (Guy) la 8éme part. La 7ème est à Pierre de Merle, la 6ème à Bertrand de Veyrac, les 5ème et 4ème à Marie de Merle. Les trois autres appartiennent à Guillaume de Merle. En novembre 1365, un accord réglant diverses servitudes entre les familles de Merle et de Veyrac pour les constructions projetées au château de Cafolenc, nous renseigne sur un autre occupant des lieux : l'un des témoins de cet acte est Raymond de Saint-Basile, qualifié de coseigneur.

Les Anglais assiègent Merle et prennent le château de Pesteils le 3 janvier 1371. Il sera rapidement restitué par Bernard de la Salle, du parti anglais, sous l'action du pape Grégoire XI (d'origine corrézienne). Dix ans plus tard, le routier Aymerigot Marchès tente sans succès de s'emparer de Merle.

En 1470, Jean II de Noailles épouse Gaspare de Merle et devient ainsi coseigneur des lieux. Un siècle plus tard (1561), en acquérant la baronnie de Carbonnière, les Noailles deviennent les seigneurs dominants de Merle.

Durant les guerres de Religion, les huguenots commandés par Gilles du Bac s'emparent de Merle (avant mars 1574). Deux ans plus tard, Antoine de Veilhan fait rendre la " ville ". Face aux canons certaines tours n'ont pas résisté. Le gouverneur d'Auvergne en ordonne d'ailleurs le démantèlement.

Sous Louis XIII (1610-1643), Merle devient le siège d'une petite garnison de fauconniers. En 1639, Anne de Noailles y met en quartier d'hiver son régiment d'infanterie. Ce sera la dernière occupation militaire du site. (source : http://www.richesheures.net)